Un frisson lui parcourut l'échine. Inger venait d'avoir froid dans le dos, comme si un esprit était soudain passé à côté d'elle, le courant d'air qui le suivait la frôlant. Enfin, c'était comme cela qu'elle interprétait les choses. Parce qu'un esprit, elle n'en avait jamais vu. C'était à peine si elle y croyait. Alors savoir ce qui se passait si l'un d'entre eux la touchait... C'était tout juste impossible pour elle. Seule son imagination pouvait la guider vers cette idée saugrenue.
La Danoise jeta un coup d’œil derrière son épaule tandis qu'elle accélérait le pas. Elle avait un mauvais pressentiment. Le genre qui vous colle à la peau et vous empêche tout bonnement de garder votre calme. Elle se sentait observée. Comme si quelqu'un ne la quittait pas un seul instant des yeux en ce moment même. Comme si quelqu'un la suivait. Cette seule pensée guida son regard sur tout ce qui l'entourait, mais elle ne vit rien, absolument rien. Mise à part la foule qui l'encerclait.
La jeune fille remontait la rue marchande, sa foule bien fournie lui apportant protection en cas de pépin. Elle aurait du être rassurée par cette présence protectrice, qui l'encerclait et formait une sorte de bouclier autour d'elle. Mais pourtant, cette désagréable sensation qui ne l'avait quittée depuis qu'elle était sortie du Centre des Spectacles l'empêchait de se détendre. La marée humaine dans laquelle elle nageait avait un gros inconvénient. Parce qu'ainsi suivie, entourée, bousculée, elle ne pouvait pas voir s'il y avait quelqu'un en particulier qui lui collait au train avec des intentions mauvaises. Non, décidément, elle ne pouvait pas se rasséréner. Le pressentiment était bien trop fort.
Tout ce qu'elle voulait, c'était partir loin et semer son éventuel poursuivant.
Alors, elle tourna à la première intersection qui se présenta à elle, bien plus vide que la rue principale, et se mit à courir. Slalomant comme elle pouvait dans le véritable dédale que constituait la ville. Et jetant régulièrement des regards en arrière pour s'assurer qu'elle n'était pas suivie.
Et malgré toutes ses précautions, il lui semblait entendre d'autres pas que les siens. Comme des échos trop nombreux. La rouquine tenta de s'arrêter pour voir, mais tout bruit s'estompa d'un coup. Lui démontrant qu'elle était seule. Et pourtant, elle ne le croyait pas une seule seconde.
La course reprit sans attendre. Haletante. Épuisante. Et pourtant sans répit. La direction que prenait Inger était aléatoire, n'ayant pour but que de la perde en espérant disparaître de la circulation. Momentanément bien sûr. Mais suffisamment longtemps pour dissuader quiconque de la chercher.
Ce ne fut que lorsqu'elle sentit une humidité soudaine et que ses pieds s'enfoncèrent quelque peu dans le sol qu'elle se mit à faire attention au décor. Elle avait quitté la ville. Pire encore, elle s'était égarée dans l'endroit le plus glauque et le moins reluisant de tout Tamashi no Higan.
Le Cimetière.
L'endroit où les morts finissaient tous enterrés à même le sol.
Le lieu où elle finirait sans doute très bientôt si son imagination ne lui jouait aucun tour. Si elle était bien suivie. Et si son stalkeur était bien aussi horrible qu'elle ne le pensait.
Le brouillard qui flottait en ces lieux, comme une continuité de celui qui dominait les eaux du lac, empêchait de voir à plus de cinquante mètres. Tout ce qui s'offrit à ses yeux furent des tombes, recouvertes de végétations. Un endroit angoissant où un silence pesant l'oppressait. Jusqu'à ce qu'une voix aux intonations significatives vienne le rompre.
« C'est gentil de t'être isolée, tu nous facilites bien la tâche ! »
Diable ! Mais pourquoi était-elle venue jusqu'ici ? Qu'est-ce qui lui avait pris de s'éloigner autant de la population et des témoins ? Allait-elle mourir ?
Inger déglutit avec peine et se retourna pour faire face à ses poursuivants. Ils étaient deux. Le premier avait une belle balafre sur la joue et un bandeau rouge venait retenir ses épais cheveux blonds. Il la regardait avec un sourire ampli de sadisme, et son côté baraqué donnait un air encore plus menaçant à cet inconnu. Chose qui lui arracha un frisson d'effroi.
Le deuxième, bien plus envahi par sa colère qu'autre chose, ne lui était pas inconnu. Il ne lui fallut guère plus de temps pour le reconnaître. Lui. Ce type qu'elle avait défié au poker et avait complètement plumé dans le Centre ville. Enfin, son argent, elle le lui avait laissé. L'adolescente n'avait fait que prendre un des bijoux qu'il vendait en trophée. S'il était là, accompagné d'une brute, c'était bien parce qu'il voulait récupérer son bien.
Elle s'était à nouveau foutue dans la merde. Poisse.
« Rends-moi le bijou que tu m'as volé ! Et tout de suite ! »
Voilà qui confirmait ses craintes. Mais elle n'avait rien volé. Elle avait juste gagné quelque chose...
Inger recula tandis qu'une goutte de sueur perla sur son front. Ses yeux allaient du brun au blond, qui s'était appuyé sur une stèle en la regardant. Voyant qu'il avait toute son attention, musclor passa la langue sur ses lèvres et lui adressa un sourire mauvais.
Prenant son courage à deux mains et ne voulant pas passer pour une tapette, la Danoise fronça les sourcils et se mit droite, pour montrer qu'elle faisait face avec courage. Puis elle lâcha quelques mots, tentant d'y mettre toute sa conviction et son assurance. Sans grand succès.
« Euh... Sinon quoi ? »
Le joueur de poker haussa un sourcil surpris avant de faire un signe de tête à son acolyte. Ce dernier parut ravi et donna un gros coup de poing dans la pierre tombale qui lui servait d'accoudoir. La roche vola en éclat sous l'impact avec fracas. Inger sursauta violemment et regarda le blond d'un air médusé. Oulalala ! Elle était décidément très mal. Ce type semblait avoir une force herculéenne. Il briserait ses os sans aucun problème.
« Sinon, voilà ce que tu vas devenir ! »
Oui, elle allait mourir.
- Spoiler:
Bon ! Petit RP que j'ai fait quand j'étais claquée, donc j'espère que ce sera bien \o Et surtout, plus important, que ça te plaira comme début ♥